L’excellente série Kingdom diffusée depuis octobre dernier sur la chaîne américaine Direct tv arrive cet été en France sur OCS tv. Une très bonne pioche qui relate un drame familial dans le milieu du MMA (Mixed Martial Arts). Ce sport de combat mêle attaques des pieds et des poings de combattants enfermés dans une cage.

Un ancien champion de MMA, Alvey, met tout son cœur à faire fonctionner une salle de combat à Venice Beach en Californie. Avec sa compagne Lisa, il fait vivre tout un quartier déshérité et gangréné par la drogue en permettant aux jeunes d’échapper aux gangs. Ryan, son ancienne étoile montante, revient en quête d’échappatoire et de rédemption alors qu’il vient tout juste de sortir de prison. Il aimerait suivre les pas de Nate, le fils d’Alvey qui se bat pour tenir la route, au contraire de son frère, Jay. Cet ancien combattant a raccroché. Il vit de larcins, se drogue, boit, participe à des sales coups. Cependant, ce bad boy fantasque cache un lourd secret. Il n’a jamais pardonné à son père d’avoir abandonné sa mère junkie, obligée de se prostituer pour payer sa dose.

Avec sobriété et justesse, Kingdom esquisse le paysage disloqué d’une famille en déshérence. Magnifiquement filmées, les scènes de combat sont vibrantes de sincérité et d’émotion. Elles symbolisent la volonté farouche des personnages de se libérer de leur milieu crasse soumis aux dealers. La scène d’ouverture plonge d’emblée le spectateur dans cette lutte effrénée et perdue d’avance. Alvey met chaos deux malfrats, déclenchant sans le vouloir des représailles terribles. La guerre est déclarée.

Dans cette série magistrale et fine, les combats sont multiples. Nate se bat pour la reconnaissance de ses pairs mais aussi pour obtenir la fierté de sa famille. Jay lui se bat pour sa mère en ne pouvant éviter sa propre déchéance. Ryan, le repris de justice, veut se racheter une conduite en reprenant le combat. Tous veulent se libérer de leurs addictions, de leurs peurs, de leurs démons. Si les corps sont sculptés et obéissent à une discipline draconienne, les âmes sont fragiles. C’est que la salle de combat n’est pas seulement un exutoire, elle est aussi un refuge. Son existence même est un pied de nez aux gangs, un signe de résistance.

Emprunter la voie du bien par la lutte, c’est l’objet de la série Kingdom. Extrêmement sombre, noire, pessimiste et grave, elle est une ode brute au combat. L’univers viril retranscrit la dureté d’une Amérique intemporelle. Tout se gagne par ses propres moyens, sans compter sur quiconque. Ceux qui s’écroulent comme Jay sont condamnés à la descente aux enfers. A voir!